Les organismes dans le sol procurent d’innombrables services écosystémiques, incluant:
Cycle des nutriments
Le sol stocke et modère la libération de nutriments tels que le phosphore et le calcium. Les micro-organismes décomposent les nutriments retenus dans le sol et les rendent disponibles pour l’assimilation par des plantes.
Régulation du climat et purification de l’air
Les sols contiennent 2 à 3 fois plus de carbone que l’atmosphère. Ce carbone est compris dans des organismes vivants, dans de la matière organique non-vivante, et dans de la matière inorganique (ou minérale). Lorsqu’en santé, les sols ont la capacité d’absorber du carbone additionnel et ainsi de réguler le climat. Les micro-organismes dans le sol purifient aussi l’air en décomposant des gaz toxiques.
Régulation d’inondations et de sécheresses
Le réseau complexe formé par le mycélium des champignons ainsi que les liquides visqueux sécrétés par les micro-organismes donnent de la structure au sol, permettant de retenir plus d’eau et d’augmenter la résilience aux sécheresses et inondations.
Purification de l’eau
Un sol en santé filtre et dégrade divers éléments qui sont présents dans l’eau avant qu’elle ne se retrouve dans la nappe phréatique. Le sol agit comme un tamis et retient certaines particules plus larges. De plus, les micro-organismes décomposent la matière organique et inorganique qui polluerait autrement nos cours d’eau.
Approvisionnement en nourriture, énergie, matériaux et médicaments
Le sol touche la vie des humains de multiples façons, incluant en servant comme source de nourriture, d’énergie, de matière première ou de médicaments. L’humanité utilise le sol comme ressource depuis la nuit des temps.
Suppression de maladies et détoxification du sol
Les organismes dans un sol en santé rivalisent contre des agents pathogènes et dégradent des substances toxiques.
LE TIERS des sols est dégradé à travers la planète.
Les sols dégradés ont moins de vie et de structure. Ils perdent leur habileté à procurer des services écosystémiques, et ainsi à absorber l’eau et à faire pousser des plantes. Puis, ils perdent leur contenu en carbone, qui est émis dans l’atmosphère sous forme de CO2, aggravant les changements climatiques.
Gestion dégénératrice des terres
La déforestation, le labour et les intrants chimiques inhibent le sain fonctionnement des micro-organismes dans les sols et engendrent la dégradation des sols.
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Gestion régénératrice des terres
La gestion régénératrice des terres est un ensemble de principes et de pratiques qui inversent la tendance courante de dégradation des sols, puis de la qualité de l’air et de l’eau, en améliorant l’écosystème du sol et en restaurant sa biologie.
La gestion régénératrice des sols vise à absorber le carbone atmosphérique dans les sols et dans la biomasse des plantes, contribuant à atténuer les changements climatiques.
Par la même occasion, elle augmente la résilience à des désastres naturels tels que des sécheresses, des inondations et autres phénomènes climatiques extrêmes. Rebâtir la matière organique dans le sol réduit la dépendance à des produits chimiques et pesticides, permet de la nourriture plus dense en nutriments, et accroît la viabilité économique pour les agriculteurs.
L’aménagement régénérateur vise aussi à améliorer le bien-être des animaux, à assurer la justice pour les producteurs et travailleurs, et à favoriser des communautés et écosystèmes régionaux résilients.
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Pratiques régénératrices
Les pratiques qui contribuent à régénérer les sols et à absorber du carbone incluent:
Non-labour ou non-travail du sol
Couverture du sol
Fertilité et amendements biologiques
Agroforesterie
Cultures vivaces
Élevage holistique
Biodiversité
Gestion de l’eau améliorée
Conservation et restauration des terres
Aménagement urbain écologique
Adaptations pour climat froid
Le labour de conservation est un changement de paradigme en agriculture. Cela implique de ne pas labourer avec la charrue et parfois même d’éliminer le travail du sol en surface, afin de minimiser la perturbation du sol pour permettre à l’écosystème du sol de prospérer et de performer ses multiples fonctions bénéfiques. Réduire le labour peut minimiser l’érosion, diminuer l’utilisation d’intrants chimiques, et promouvoir des systèmes agricoles plus résilients.
Garder le sol couvert facilite les conditions nécessaires qui permettent aux micro-organismes de prospérer. Les cultures de couverture sont une des méthodes les plus connues: une culture non-commerciale est plantée pour contribuer à construire une couche arable du sol, fixer de l’azote, augmenter la matière organique, et retenir plus d’eau dans le sol. Les autres méthodes incluent le paillage et les textiles de couverture. Le paillage implique de couvrir le sol autour des plantes avec de la matière organique, qui réduit l’évaporation de l’humidité et ajoute de la matière organique au sol à mesure qu’elle se décompose. Les textiles de couverture éliminent les mauvaises herbes et préviennent l’érosion et l’évaporation.
La fertilité biologique du sol signifie plus que simplement nourrir des plantes avec des macro- et micro-nutriments. Elle permet de restaurer la capacité biologique des sols à recycler les nutriments à travers des rotations de cultures ainsi que l’application d’engrais verts, de compost et de fumier animal. Les engrais synthétiques engendrent un déséquilibre dans la structure et la fonction de communautés microbiennes dans le sol, créant un agro-écosystème dépendant de ces substances, et des plantes moins résilientes.
L’agroforesterie désigne l’intégration d’arbres dans des systèmes agricoles, donc avec des cultures ou des pâturages. Les arbres peuvent améliorer la production animale ou culturale en augmentant la capacité du sol à absorber l’eau, en créant un habitat pour les organismes bénéfiques et en enrichissant le microbiome du sol. De plus, les arbres peuvent fournir eux-mêmes des récoltes, de fruits, de noix ou de matériaux de construction.
Les vivaces sont des plantes qui demeurent en vie année après année et qui fournissent de multiples récoltes dans leur vie. Elles incluent les arbres à fruits, les arbres à noix, les baies, les pâturages, certaines céréales, et certains légumes vivaces comme l’asperge. Elles développent toutes des racines profondes qui améliorent la structure du sol, augmentent la séquestration de carbone et l’infiltration de l’eau, et peuvent contribuer à l’adaptation et l’atténuation des changements climatiques. En général, elles aident à promouvoir la sécurité alimentaire et hydrique à long terme.
L’élevage animal holistique est une approche de gestion des animaux sur pâturage d’une façon qui imite la nature, c’est-à-dire en troupeau dense qui se déplace fréquemment. Les producteurs déplacent les animaux à travers des enclos temporaires, à une fréquence dépendant de plusieurs facteurs. Les animaux se nourrissent, fertilisent par leur fumier, piétinent le sol puis se déplacent, laissant le pâturage récupérer. Non seulement cette pratique améliore-t-elle le bien-être animal, mais elle produit de la nourriture plus nutritive et permet l’absorption du carbone atmosphérique dans le sol.
La règle de base en écologie est que plus on augmente la biodiversité d’un système, plus on accroît sa résilience, et vice-versa. Les écosystèmes riches en diversité sont capables de résister à des perturbations et d’en récupérer plus rapidement. Celles-ci peuvent inclure des extrêmes climatiques, des impacts humains et de la dégradation. L’intégration d’habitats sauvages dans le design d’agro-écosystèmes, les rotations culturales, l’intégration de cultures et d’animaux, et l’omission d’OGM et d’intrants chimiques sont toutes des pratiques permettant de préserver ou d’augmenter la biodiversité.
Au moment où 40% de la planète souffre de la rareté de l’eau, une bonne gestion de l’eau fait partie intégrante de l’agriculture régénératrice. Un sol couvert et en santé est plus résilient aux sécheresses et aux inondations, puis une irrigation efficace, de l’infrastructure de collecte d’eau, ainsi qu’un aménagement paysager stratégique aident tous à la conservation de l’eau.
Les pratiques régénératrices visent aussi à préserver ou réhabiliter des terres et des habitats, tels que des tourbières, des zones humides ou des forêts. Ces types d’écosystèmes sont cruciaux pour l’atténuation des changements climatiques et pour la protection de diverses espèces qui y habitent. Ils peuvent également remédier les sols de contamination par des produits chimiques ou hydrocarbures.
Les gouvernements municipaux et les communautés ont le pouvoir de régénérer les sols. Consacrer plus d’espaces verts, intégrer plus d’arbres et vivaces dans l’aménagement, et encourager l’agriculture urbaine sont toutes des façons par lesquelles les villes peuvent jouer un rôle dans l’aménagement régénérateur.
Étant donné qu’en climat froid, l’approvisionnement en nourriture dépend largement de l’import de produits en hiver, des stratégies d’adaptation telles que des serres permettent d’éviter des émissions de carbone et de procurer de la nourriture saine et locale avec peu de dépendance à des intrants chimiques.