La vie commence avec l’eau

Illustration de couverture par Garth Laidlaw et Jenna Kessler.


Notre planète est composée à 70 % d’eau. La Terre est une planète unique justement parce que nous avons de l’eau liquide. Plusieurs nations autochtones disent que l’eau EST la vie. Les microbiologistes pensent que la vie hors de l’eau a commencé lorsque des algues se sont associées à des champignons pour créer le lichen. Le lichen dissout les roches, ce qui constitue la première étape de la création de la terre. Avec la terre, toutes les autres plantes ont évolué. Les plantes, le sol et l’eau forment le lien qui permet à la vie terrestre de survivre et de s’épanouir.

Les plantes vertes, par le biais du processus de photosynthèse, alimentent à la fois le cycle du carbone et le cycle de l’eau. La partie du cycle de l’eau qui se déroule sur le sol est parfois appelée « eau verte », car elle fait référence à l’eau qui circule à travers les plantes. Les plantes puisent l’eau à l’intérieur de la terre, l’aspirant par leurs racines, et la libèrent par les stomates de leurs feuilles, où l’eau liquide se transforme en vapeur d’eau. Lorsque l’eau passe de l’état liquide à l’état gazeux, elle utilise l’énergie solaire pour convertir la chaleur sensible (la chaleur que nous pouvons ressentir) en chaleur latente. La vapeur d’eau s’élève dans l’atmosphère, formant des nuages et finalement, lorsqu’elle atteint les températures plus fraîches de la haute atmosphère, elle se condense pour redevenir de l’eau liquide, libérant cette énergie thermique latente loin de la surface de la terre. Ainsi, l’évapotranspiration des plantes évacue la chaleur de la surface terrestre et permet également la formation de nuages et la pluie. Tout sol dépourvu de plantes perdra son eau et deviendra plus chaud et plus sec. Michal Kravcik, co-auteur de The New Water Paradigm, affirme que ce processus d’évapotranspiration médié par les plantes est le système de climatisation de la Terre.

Illustration | Ananda Fitzsimmons


On dit que les changements climatiques sont dus à l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, qui retiennent davantage de chaleur, mais il existe peut-être un autre facteur qui exacerbe ce problème. Lorsque nous examinons les phénomènes liés aux changements climatiques, nous constatons des perturbations dans le cycle de l’eau. Ces perturbations se manifestent par de longues périodes sans pluie, provoquant des sécheresses et des incendies de forêt, ponctuées de vents violents et de tempêtes entraînant des inondations. Les périodes sèches et humides érodent toutes deux nos sols, les faisant cuire aux rayons du soleil jusqu’à ce qu’ils perdent leur structure, puis emportant la matière organique dans les cours d’eau sous l’effet des inondations. Une grande partie de ces dégâts est due à l’intervention humaine dans l’environnement. Nous drainons l’eau, nous défrichons, abattons les arbres et nous puisons dans les réserves d’eau souterraine pour satisfaire notre insatiable besoin d’eau.

Zach Weiss, praticien de la restauration des écosystèmes et éducateur, appelle cela « la spirale de la mort des bassins versants ». Les sols nus et les surfaces dures retiennent la chaleur et perdent de l’eau. Si l’eau ne pénètre pas dans le sol, elle n’alimente pas les réserves d’eau souterraine, ce qui perpétue un cycle de sécheresse croissante et de perte de structure du sol. À mesure que le sol s’assèche, nous avons recours à l’irrigation et perpétuons ce cycle en asséchant les rivières, en creusant des puits et en épuisant de plus en plus les nappes phréatiques. Zach et ses collègues de Water Stories offrent des formations et de la visibilité aux praticiens de la restauration de l’eau, visant à appliquer des principes simples pour créer des environnements qui retiennent l’eau. Ces méthodes peuvent être utilisées partout dans le monde pour restaurer la fertilité et rétablir le cycle de l’eau verte. Le principe de base consiste à retenir chaque goutte de pluie qui tombe sur le sol et à la stocker dans l’environnement. L’eau peut être stockée sous forme d’étangs, de sols sains et profonds, de végétation ou d’aquifères souterrains.

Illustration | Water Stories


Quelle est la cause de ces extrêmes entre trop humide et trop sec? L’explication la plus courante est qu’il y a plus de vapeur d’eau dans l’atmosphère parce que les températures mondiales sont plus élevées. Mais selon le professeur Millán Millán, météorologue et climatologue espagnol, le changement de l’utilisation des sols peut jouer un rôle important dans la fréquence et le calendrier des précipitations. Il a été chargé par la Commission de l’Union européenne d’étudier les raisons pour lesquelles il n’y a plus d’orages d’été dans le bassin méditerranéen. Historiquement, la vapeur d’eau de la mer Méditerranée était transportée au-dessus des terres et, lorsqu’elle s’élevait sur les terrains en pente autour du bassin méditerranéen, elle retombait fréquemment en pluie les après-midi d’été. Mais ce phénomène s’est arrêté et, peu à peu, la région a cessé de recevoir de la pluie en été.

Le professeur Millán a découvert qu’en raison de la disparition de la couverture végétale dans la région, l’air humide qui provient de la mer se réchauffe et s’assèche lorsqu’il se déplace au-dessus de la terre. Lorsqu’il remonte les pentes, il ne contient plus suffisamment d’humidité pour se condenser sous forme de pluie. Auparavant, l’évapotranspiration des marais maritimes et des forêts sur les pentes s’ajoutait à l’humidité provenant de la mer, faisant ainsi la différence critique pour déclencher la pluie. Au lieu de libérer l’humidité de la mer sur les terres, l’air redescend maintenant le long de la pente et s’accumule sous forme de couches d’humidité au-dessus de la mer. Éventuellement, l’humidité accumulée qui n’est pas tombée sur la terre est déversée. À la fin de l’été ou à l’automne, lorsque les températures au sol diminuent, cet énorme volume d’humidité accumulée est ramené au-dessus des terres, mais pas nécessairement au même endroit. Ce phénomène est parfois à l’origine d’énormes inondations dans le nord de l’Europe.

Le professeur Millán observe que le cercle vicieux qu’il a identifié dans la région méditerranéenne se reproduit dans de nombreuses autres parties du monde. Ce cycle commence par l’élimination de la végétation du paysage. La terre accumule alors plus de chaleur et devient plus sèche. L’humidité du sol s’évapore. Il y a moins d’évapotranspiration qui contribue à l’humidité de l’air, donc moins de nuages et de pluie. La structure du sol disparaît, car la vie du sol a besoin d’humidité et d’une couverture végétale. Le sol devient hydrophobe. Lorsque les pluies arrivent, elles ruissellent à la surface, provoquant l’érosion et parfois des coulées de boue. Une fois le sol perdu, il est beaucoup plus difficile de réparer les dégâts. C’est le cycle de la désertification auquel Zach Weiss fait référence lorsqu’il parle de la spirale de la mort des bassins versants.

L’agriculture industrielle, l’urbanisation et l’exploitation forestière et minière réduisent systématiquement la couverture végétale dans le monde entier. Nos réserves d’eau souterraine s’épuisent partout. La quantité d’eau dans le monde est limitée, mais la façon dont elle est distribuée fait une énorme différence. Lorsque l’eau douce quitte la terre, il est difficile de la récupérer. Si nous voulons maintenir la vie sur terre, nous devons restaurer des sols sains et une couverture végétale. Gardons plus d’eau dans l’environnement.

Bonne Journée mondiale de l’eau! Levons notre verre et redonnons une gorgée à la terre! Engageons-nous à gérer plus intelligemment nos sols et notre eau.

 

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