Prendre racine: ces agriculteurs préparent le terrain pour les cultures agroforestières

L’un des cinq principes de l’agriculture régénératrice est d’intégrer des plantes pérennes à racines profondes dans l’agroécosystème. Bien sûr, les plantes à la plus longue durée de vie et les plus profondément enracinées sont les arbres. Que ce soit des vergers, des rangées d’arbres entre les champs ou bien des zones tampons de plantes ligneuses autour de la ferme, les arbres ont le potentiel d’augmenter la séquestration de carbone et l’infiltration d’eau, sans parler des bénéfices de la diversification de la production pour plus de résilience. Avec les périodes croissantes de conditions chaudes et sèches, les tempêtes imprévisibles et les pluies fortes, les cultures annuelles sont particulièrement vulnérables. Pour les cultures annuelles et le pâturage, l’intégration des cultures arboricoles assure la protection et la diversité des flux de revenus.

Il existe des obstacles qui rendent le choix de planter des arbres difficile pour les agriculteurs. Le manque de connaissances et d’expérience est un exemple de défi. Une autre barrière est le fait que le marché n’est pas encore développé. Quelques agriculteurs innovateurs à travers le pays ont tranquillement ouvert la voie pour que les arbres fruitiers et à noix rustiques prennent leur place dans le paysage agricole. Dans cet article, nous rencontrons deux de ces pionniers.

Véronique Alexandre et Eric de Lorimier

Véronique Alexandre et son partenaire Éric de Lorimier sont vendeurs et sélectionneurs d’arbustes et d’arbres fruitiers et à noix, spécialement adaptés au climat canadien. Ils possèdent La pépinière aux arbres fruitiers dans la région de Lanaudière au Québec. Ils ont commencé l’entreprise parce qu’ils ont été déçus de constater que la plupart des arbres disponibles dans le commerce à l’époque n’étaient pas adaptés pour les zones plus froides que la zone 5. Ils avaient commandé trois plants de pommiers à une pépinière de l’Alberta, qui sont arrivés gravement mutilés. Éric a greffé les bourgeons sur un porte-greffe rustique et a vendu quelques arbres.

Quinze ans plus tard, ils offrent des centaines de variétés d’arbres et d’arbustes rares, tous sélectionnés pour leur résistance au froid et aux maladies et pour leurs fruits délicieux. Ils cultivent et testent eux-mêmes ce qu’ils vendent. Certaines variétés ont été testées jusqu’au Yukon pour des températures aussi basses que -50 ° C. Le couple fournit également une éducation via son site web, donnant des conseils utiles sur la culture des arbres fruitiers. Ils proposent également des stages à des dizaines de personnes à chaque année. Les bénévoles peuvent passer une saison à apprendre à développer, greffer et gérer une pépinière de manière durable.

Alain Perreault est également dans la région de Lanaudière. Il possède Au jardin des noix, un verger de noix de 35 acres et une boutique. Depuis 2007, il cultive plusieurs espèces d’arbres à noix, des variétés de noix, de noisettes, de noyers cendrés et de châtaignes. Il y a quelques défis à relever pour faire affaire dans le domaine des noix. Il faut de nombreuses années pour qu’un arbre à noix devienne productif. Une fois que c’est le cas, un acre d’arbres à noix fournira une abondance de produits de grande valeur. Alain commence tout juste à apprécier la productivité croissante de son verger.

Machinerie, Au jardin des noix

Le deuxième défi est que cela nécessite beaucoup de traitement pour qu’une noix provenant d’un arbre puisse être consommée. L’infrastructure pour transformer des noix et les vendre emballées à des distributeurs est quasi inexistante au Canada, de sorte qu’un producteur doit vendre les noix en coque de sa ferme. Alain Perreault est l’un des rares producteurs de noix canadiens à avoir fait un investissement important dans l’équipement nécessaire pour récolter, décortiquer, nettoyer et trier ses noix. Il nous a montré sa salle remplie de machines et les multiples étapes qu’il utilise pour extraire les noix de l’arbre et les mettre dans des sacs de 1 kg. Alors que de plus en plus de gens commencent à considérer l’agroforesterie comme une option pour leurs fermes et que le goût des consommateurs pour les noix saines et locales augmente, l’intérêt et l’infrastructure pour une industrie de la noix robuste se développeront sûrement.

Grâce au travail de pionnier de personnes comme Véronique Alexandre, Éric de Lorimier et Alain Perreault, il est plus facile pour les gens aujourd’hui d’envisager de se lancer dans l’agroforesterie dans les climats nordiques.

Nous accueillerons Véronique, Éric et Alain lors de notre webinaire « Propager l’agroforesterie adaptée au climat canadien » le 25 novembre prochain à 13h00, pour parler de leur travail et échanger sur les joies et les défis de l’arboriculture.

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