L’eau pourrait nous sauver

Illustration par Ananda Fitzsimmons

Nous pourrions restaurer le cycle de l’eau en utilisant la gestion régénératrice des terres. Cela pourrait être la chose qui nous sauve des impacts les plus dévastateurs des changements climatiques. Comment faire? Jetons un coup d’œil à la façon dont le cycle de l’eau contrôle le réchauffement et le refroidissement sur cette planète, encore plus que le cycle du carbone.

La conversation sur les changements climatiques s’est jusqu’à maintenant largement concentrée sur la réduction des émissions de carbone en diminuant notre dépendance aux combustibles fossiles. Récemment, une plus grande attention a été accordée à la façon dont nous pouvons éliminer l’excès de CO2 dans l’atmosphère. Cependant, le problème est que la dynamique entre le climat et la quantité de CO2 dans l’atmosphère prendra du temps à se rétablir. Il faudra des décennies pour inverser la quantité de CO2 accumulée. L’océan a absorbé notre excès pendant des années, ce qui a contribué à son acidification. Une fois que nous aurons réduit nos émissions, l’océan commencera à libérer son excès de CO2 jusqu’à ce que tout se stabilise. Nous ne serons pas en mesure de rétablir l’équilibre du cycle du carbone d’ici 2050. Nous devons certes abandonner les combustibles fossiles et réduire le niveau de carbone dans l’atmosphère, mais les niveaux de carbone ne diminueront pas assez rapidement. Cependant, nous pourrions faire une différence dans le cycle de l’eau en moins d’une décennie.

Le réchauffement et le refroidissement sur cette terre sont largement dictés par le cycle de l’eau, beaucoup plus que le cycle du carbone. Bien sûr, ces deux cycles sont interdépendants. Il est possible de changer les climats régionaux en un temps relativement court en rétablissant l’hydrologie.

Mulloon Creek restauration des bassins versants, New South Wales, Australie. Avant et après.

Étude de cas

Par exemple, un groupe de 20 agriculteurs australiens a restauré un paysage aride fortement érodé dans le bassin versant autour de Mulloon Creek. Les travaux ont commencé en 2006. En 2015, la zone ressemblait à la photo n ° 2. De toute évidence, la terre est plus fertile, plus fraîche et capable de maintenir une plus grande biodiversité. Lorsque l’on pense aux effets dévastateurs du changement climatique que nous connaissons déjà dans le monde, cela implique principalement des perturbations du cycle de l’eau: sécheresses, inondations, incendies de forêt et tempêtes violentes. Ce sont des phénomènes naturels qui peuvent être atténués par une gestion régénératrice des terres. Les effets peuvent être ressentis en une décennie et ils peuvent faire la différence entre un climat habitable ou complètement hostile.

Restaurer les cycles de l’eau grâce à l’agriculture régénératrice

Voyons brièvement comment cela fonctionne. Les plantes et le sol sont essentiels au cycle de l’eau et au refroidissement de la terre. Les plantes utilisent l’énergie de la chaleur pour faire monter l’eau du sol et la convertir en vapeur d’eau. La transpiration des plantes et des arbres soulève l’excès de chaleur de la surface de la terre et la libère sous forme de vapeur d’eau qui formera des nuages. Les arbres transpirent également des bactéries sous forme de particules dans l’air qui ont le rôle unique de provoquer la fusion de la vapeur d’eau en gouttes de pluie. C’est l’un des principaux moyens par lesquels les précipitations tombent sur la terre.

Alors, comment les humains ont-ils perturbé tout cela? D’une part, nous avons abattu la plupart des arbres qui couvraient autrefois la surface d’une grande partie de ce continent. Également, nous avons considérablement réduit la quantité d’autres végétaux pour favoriser une diversité limitée d’espèces végétales qui nous sont utiles.

De plus, nous avons rempli l’air de particules provenant des déchets industriels, de l’érosion des sols et en brûlant des combustibles fossiles. Les gaz à effet de serre et les particules dans l’atmosphère créent cet effet de serre. Chaque jour, le soleil dégage de la chaleur à la surface de la terre. Si une quantité égale de chaleur n’est pas rejetée dans l’espace, elle reste piégée dans l’atmosphère. Les particules de poussière et de pollution se lient à de minuscules micro-gouttelettes de vapeur d’eau, créant de la brume et du smog. Ces micro-gouttelettes sont trop petites pour se transformer en nuages et en pluie, elles restent donc suspendues dans l’air. Le rayonnement du soleil chauffe davantage la vapeur d’eau,contribuant à la persistance de cette condition météorologique. Plus il y a de chaleur, plus il y a d’évaporation et donc, plus il y a de transpiration de l’eau à la surface de la terre. Tout cela contribue à ce que la terre devienne plus aride.

Nous observons des conditions météorologiques persistantes où les zones arides reçoivent moins de précipitations tandis que les boisés en altitude plus élevés reçoivent trop de précipitations qui sont alternées avec des périodes de sécheresse. La présence d’arbres et d’autres végétaux a un impact sur la quantité de précipitations dans une biorégion. La capacité du sol à retenir l’eau et la quantité d’eau stockée dans le sol ont également un impact sur les régimes pluviométriques. C’est pourquoi la gestion régénératrice des terres pourrait faire la différence entre une zone qui peut résister aux pressions de fortes pluies alternant avec de longues périodes de sécheresse et une zone qui ne peut pas maintenir la vie ou produire de la nourriture. La gestion régénératrice d’une ferme peut atténuer les conditions hostiles pour un agriculteur. Lorsque plusieurs agriculteurs se réunissent dans une biorégion, comme ils l’ont fait en Australie, cela peut faire la différence en rétablissant les cours d’eau, en équilibrant les précipitations et en préservant un climat habitable dans toute une région.

La clé pour réhydrater la terre et donc refroidir le climat et restaurer les cycles de précipitations consiste à permettre à l’eau de pénétrer profondément dans la terre. Les pratiques de gestion régénératrice des terres rétablissent la capacité du sol à retenir et à faire percoler l’eau. En plus de la régénération des sols, l’augmentation de la couverture arborée et la gestion des paysages pour contrôler l’écoulement de l’eau pourraient faire une différence importante. En ralentissant l’écoulement de l’eau à la surface du sol, en collectant et en stockant l’eau dans le sol en tant que réserve et en prévoyant des zones de débordement pour gérer l’excès d’eau, nous pourrions faire beaucoup pour atténuer les conditions météorologiques extrêmes et préserver les terres arables.

L’équipe chez Régénération Canada reconnaît le besoin urgent de communiquer sur le rôle de l’eau dans les systèmes de gestion des terres régénératrice. Nous travaillons actuellement pour intégrer cela dans nos plateformes de communication et nos initiatives éducatives. Restez à l’affût pour en savoir plus!