Comment les fermiers et agronomes novateurs optimisent-ils les cultures de couverture?

L’agriculture sans labour a commencé à se développer dans les années 80 en réponse au problème de l’érosion des sols. À l’origine, cette pratique était axée sur les exploitations qui cultivaient le maïs et le soja, faisaient la rotation des deux cultures et laissaient les résidus de culture à la surface du sol. La pratique a aidé avec l’érosion des sols, en particulier sur les terrains en pente, et les chercheurs ont commencé à s’intéresser au potentiel de séquestration du carbone dans les sols sans labour.

Redéfinir la séquestration de carbone

Cependant, une étude publiée en 2014 par l’Université de l’Illinois a fait éclater cette bulle, montrant qu’avec la rotation du maïs et du soja, la matière organique du sol est plus élevée à la surface de la couche, alors qu’en profondeur, le carbone dans le sol se perd au fil du temps. Ils ont révélé que pour augmenter réellement le carbone du sol, le système devait inclure des céréales ou des fourrages dans la rotation ainsi que des cultures de couverture. Ils ont redéfini la séquestration du carbone en tant que carbone séquestré de l’atmosphère, et non de la matière organique ajoutée au sol à partir d’autres sources.

Ces dernières années, le mouvement du semis direct a été axé sur l’augmentation de la biodiversité et l’optimisation de l’utilisation des cultures de couverture. Ce travail progresse grâce aux initiatives de petits groupes d’agriculteurs et d’agronomes locaux qui travaillent ensemble pour développer les meilleures pratiques d’utilisation des cultures de couverture dans leurs régions.

Bio, non bio, grand ou petit: tous pour la régénération des sols

14 espèces de cultures de couverture à la Ferme Jocelyn Michon

J’ai récemment assisté à une telle réunion dans le sud du Québec à l’IRDA (Institut de recherche et de développement en agroenvironnement), un centre de recherche à but non lucratif. L’événement d’une journée a réuni des agronomes de différentes organisations, ainsi que des agriculteurs travaillant avec des cultures de couverture et des pratiques de semis direct. Dans l’introduction à l’événement, l’inclusivité a été désignée comme élément clé du travail. Il y avait des agriculteurs biologiques, des agriculteurs non biologiques, des producteurs céréaliers de grande surface ainsi que des producteurs de légumes. C’est une chose que j’adore du mouvement régénérateur: il franchit le clivage biologique et conventionnel. Tous ces agriculteurs étaient là pour se concentrer sur les pratiques améliorant la santé du sol.

Apprendre de nos erreurs pour trouver les meilleures pratiques

Le thème de la réunion était «apprendre de nos erreurs», ce qui a rendu le ton de la journée très amical et comique. Deux chercheurs ont présenté des exposés couvrant une perspective plus large et à la pointe de la technologie et 14 agriculteurs ont partagé leurs enseignements d’expériences qui ne se sont pas déroulées aussi bien qu’ils espéraient.

L’agronome Anne Weill, Ph.D., a parlé des essais en cours pour trouver les variétés d’espèces de cultures de couverture les mieux adaptées. Au Québec, les caractéristiques souhaitables pour les cultures de couverture incluent la fixation de l’azote, le rapport C: N, l’établissement rapide à la surface du sol, la repousse rapide après la coupe. Caroline Halde, Ph.D, professeure de phytologie à l’Université Laval, a parlé du travail effectué sur les mélanges de cultures de couverture. Certaines des questions examinées incluent: est-il vraiment avantageux d’inclure plusieurs espèces de cultures de couverture dans un mélange? Quel est le plus important, la complémentarité ou la redondance? La complémentarité existe lorsqu’il y a des espèces qui occupent des niches différentes, par exemple un fixateur d’azote avec une herbe, une espèce profondément enracinée et une qui s’étend. La redondance consiste à avoir plusieurs espèces de chaque niche. Certains pourraient mieux s’épanouir dans différentes conditions. Les conclusions de ces questions ne sont pas encore établies.

Ce sont les questions que les chercheurs et les agriculteurs explorent avec patience à travers le processus d’essais et d’erreurs afin de trouver les meilleures pratiques pour restaurer le sol, développer des cultures économiquement viables avec moins d’intrants et séquestrer le carbone dans le sol. Grâce à leur travail, d’autres agriculteurs moins aventureux disposeront bientôt de directives plus claires pour réussir leur transition vers une agriculture à faibles émissions de carbone. Il y a des groupes comme celui-ci à travers le pays qui font ce travail. Si vous faites partie de l’un d’eux, nous, à Régénération Canada, aimerions vous rencontrer et connaître votre travail! Certains de ces champions prendront d’ailleurs la parole lors de notre Symposium Sols Vivants du 28 et 31 mars. Nous attendons avec impatience de poursuivre cette conversation en constante évolution et de rencontrer un plus grand nombre d’agriculteurs et de chercheurs pionniers qui ouvrent la voie.