La moitié du maïs, plus de profit?

Le champ de maïs de Sebastien, où on voit un rang de maïs à côté d’un rang de cultures de couverture

Pas votre champ de maïs typique

Les champs de maïs de Sébastien Angers ne ressemblent pas à vos champs de maïs typiques. En fait, à première vue, si vous ne regardez pas attentivement en début juillet, vous ne remarquerez peut-être pas qu’il s’agit d’un champ de maïs. Sébastien essaie quelque chose de difficile. Il souhaite faire pousser du maïs biologique sans herbicide et en minimisant la perturbation du sol. Il s’est inspiré des travaux d’un groupe d’agriculteurs américains, qui s’emploient à planter deux fois moins de maïs dans les champs et à planter une large bande de cultures de couverture mixtes. Et il a recruté 14 autres agriculteurs québécois passionnés par les cultures de couverture pour tenter l’expérience avec lui.

S’inspirer d’un groupe d’agriculteurs de l’Iowa: le maïs à 60 pouces

Practical Farmers of Iowa est une organisation qui réunit des agriculteurs, biologiques et conventionnels, dans le but de développer des méthodes agricoles plus durables grâce à des recherches menées par les agriculteurs et à l’apprentissage entre pairs. Les rangs de maïs sont généralement plantés à 30 pouces les uns des autres, mais certains agriculteurs de l’Iowa ont essayé de les planter à 60 pouces d’écart et ont planté des mélanges de cultures de couverture dans la large bande située entre les rangs de maïs.

Les rangs de maïs bio de Sébastien sont plantés à 60 pouces (au lieu de 30), avec des mélanges de cultures de couverture

Ils ont découvert qu’en faisant cela, ils pouvaient obtenir le même rendement, ou seulement un peu moins la première année. Ceci est dû au fait que les plantes reçoivent plus de lumière du soleil pendant leur croissance au début de l’été. Cela permet aux agriculteurs d’obtenir une croissance plus robuste des cultures de couverture bénéfiques, de leur donner plus de temps pour se développer et s’enraciner profondément, offrant ainsi davantage d’avantages au sol et aux cultures.

Pourquoi pas essayer au Québec?

Sébastien a participé à un événement avec Practical Farmers of Iowa en août dernier et est reparti inspiré pour tester le tout au Québec. Une des raisons pour lesquelles l’idée est si attrayante, mis à part l’augmentation de la fertilité du sol avec beaucoup moins d’intrants, c’est que le maïs est de loin la culture de rapport la plus rentable. Avec ce système, l’agriculteur peut faire pousser du maïs deux ans de suite sur la même parcelle en le plantant la deuxième année où se trouvait la bande de culture de couverture. Si le rendement est identique ou presque la première année, le coût des intrants est réduit et le maïs peut durer deux ans dans le même champ, le profit par hectare augmente.

D’autres cultures de couverture entre les bandes de maïs

Il a partagé cette idée avec un groupe d’agriculteurs pionniers du Québec qui ont expérimenté des cultures de couverture. Cette saison, un groupe de 15 agriculteurs, à moitié biologiques et à moitié conventionnels, cultive au moins un hectare de maïs à 60 pouces avec un couloir de cultures de couverture mixtes. Chacun exerce sa créativité dans la sélection des mélanges de cultures de couverture et le groupe partage ses données et apprend ensemble.

Observer la nature pour mieux traiter les mauvaises herbes

Sébastien lui-même a de nombreuses hypothèses à tester pour optimiser l’utilisation des cultures de couverture. Il a remarqué que les mauvaises herbes dominantes dans son champ semblent provenir de familles de plantes différentes des cultures de rapport. Il se demande si la nature n’essaye pas d’équilibrer l’écosystème du sol. Ainsi, il sélectionne des mélanges de cultures de couverture appartenant aux mêmes familles que ses mauvaises herbes dominantes, afin de voir s’ils supprimeront les espèces de mauvaises herbes.

Entre trouver les bons mélanges de cultures de couverture pour occuper tous les bons créneaux, trouver le moment optimal pour les planter et la méthode de plantation optimale, il y a de nombreuses années de travail (de jeu?) à faire avant que l’ensemble du système ne soit bien réglé et compris. Heureusement, avec 15 agriculteurs travaillant ensemble pour collecter les données, le travail progressera plus rapidement et sera plus amusant! 

Sébastien Angers est membre du réseau de Regeneration Canada. Pour discuter de cultures de couverture et d’autres pratiques régénératrices avec nos membres, nous vous invitons à vous joindre à notre réseau!

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