12 façons de rendre votre jardin régénérateur

Ceci est une version mise à jour d’un article de blog publié en 2019.

 

Lorsque nous parlons autour de nous de ce que nous faisons à Régénération Canada, l’une des questions que l’on nous pose le plus souvent est la suivante : Puis-je rendre mon propre jardin régénérateur? Les différentes pratiques utilisées par les agriculteur·trice·s pour régénérer leur sol peuvent-elles s’appliquer à un petit jardin d’arrière-cour? La réponse est oui!

Nous vous proposons 12 façons de rendre votre jardin régénérateur. Mais avant de les aborder, prenons le temps de réfléchir à l’importance de cette démarche.

 

Pourquoi avons-nous besoin de régénérer notre sol?

La régénération signifie d’améliorer les ressources qu’on utilise, comme le sol, en leur redonnant de la vie et différents bénéfices, au lieu de simplement les utiliser et les laisser dégradées. Malheureusement, être « durable » n’est plus suffisant. Pour voir de vrais changements, nous devons régénérer. Et oui, le sol est une ressource très vivante. Saviez-vous qu’il y a plus de micro-organismes dans une cuillère à thé de sol en santé qu’il y a de gens sur la planète?

On n’y pense pas souvent, mais c’est très important de prendre soin de notre sol. Non seulement un sol en santé aide-t-il à cultiver des aliments sains et denses en nutriments, mais il a également la capacité d’atténuer les changements climatiques. Un sol en bonne santé est comme une éponge géante de carbone. Il peut stocker une quantité énorme de dioxyde de carbone en le retirant de l’air et en l’absorbant dans la terre. Cela peut aider à inverser les effets du réchauffement climatique et des conditions météorologiques extrêmes.

Alors, comment pouvez-vous rendre votre jardin plus régénérateur?

 

1. Couvrez le sol

Tout comme chez d’autres êtres vivants, le sol a besoin de nourriture et d’un abri pour survivre. Dans un petit jardin, il existe différentes manières de répondre à ces besoins. Vous pouvez recouvrir votre sol de plantes vivantes, appelées cultures de couverture, qui ne sont pas nécessairement destinées à être récoltées. Par exemple, vous pouvez planter du seigle à l’automne sur le sol nu une fois que vous avez récolté une plate-bande. Le seigle occupe l’espace en hiver et repousse au début du printemps. Avant de replanter, vous pouvez recouvrir le seigle d’une bâche pour le priver de lumière. Ensuite, vous pouvez planter vos légumes dans les résidus de seigle. L’avoine, le sarrasin, le trèfle et la moutarde sont d’autres cultures de couverture couramment utilisées dans les jardins à petite échelle, bien que de nombreuses autres soient possibles, notamment différents mélanges.

Couvrir le sol avec ces plantes aide à stocker l’eau, à retenir l’humidité et à éliminer les mauvaises herbes. Si vous avez des plantes aux racines profondes, vous pouvez aussi planter une couverture végétale basse comme le trèfle blanc ou le thym. Vous devriez éviter toute plante qui puisse être en compétition pour les nutriments dans la même zone racinaire que vos fruits ou vos légumes.

Une autre option consiste à recouvrir votre sol de paillis ou de matière végétale séchée, comme de l’herbe coupée, de la paille, des feuilles séchées ou des copeaux de bois. J’ai même vu un agriculteur utiliser du carton déchiqueté! Tant que la matière se décompose, elle continuera à ajouter de la matière organique au sol. L’important avec le paillis est qu’il reste à la surface du sol et non mélangé à la zone racinaire de la plante. Sinon, il pourrait se décomposer trop rapidement et priver vos légumes d’azote. Le paillis retient si efficacement l’eau dans le sol que vous n’avez généralement pas besoin d’arroser votre jardin une fois que vos plantes sont établies. Un vrai plus lors des chaudes journées d’été!

 

 

2. Ne tournez pas le sol

Retourner le sol l’épuise en brisant sa structure et en perturbant son écosystème. Cela contribue également à libérer dans l’atmosphère le carbone qui y est stocké. Au lieu de travailler ou de retourner le sol, vous pouvez simplement le desserrer avec une fourche. Creusez profondément, et déplacez la fourche d’avant en arrière pour décompacter le sol. Vous pourrez facilement arracher les mauvaises herbes profondément enracinées après cela. Plus vous gérez votre jardin sans déranger le sol, en utilisant des paillis, du compost et des cultures de couverture, plus votre sol sera meuble et riche. Il sera plus facile par la suite de désherber et de préparer votre jardin.

 

3. Utilisez votre propre compost ou des amendements de source locale

En compostant nos déchets alimentaires et en les répandant sur notre sol, tous les éléments nutritifs de notre nourriture sont recyclés et utilisés pour nourrir le sol. Le compost aide à restaurer votre sol et donne une seconde vie à vos restes de nourriture! Découvrez d’autres raisons pour lesquelles le compost est si génial.

Vous pouvez créer votre propre compost, par exemple en faisant du vermicompost avec des vers de terre, en vous en procurant le plus localement possible (consultez votre municipalité), ou en vous achetant du compost biologique de bonne qualité dans un magasin de jardinage local.

 

4. Utilisez des alternatives à la tourbe

La plupart des mélanges commerciaux de terreau contiennent de la tourbe. La tourbe n’est pas une ressource renouvelable. C’est comme un combustible fossile : il a fallu des centaines ou des milliers d’années pour que les tourbières se forment naturellement et nous les exploitons rapidement. Les tourbières séquestrent d’énormes quantités de carbone, c’est pourquoi nous ne voulons pas les détruire. Vous pouvez fabriquer des mélanges de terreau en utilisant de la terre de jardin avec du compost, du paillis de feuilles décomposées et en ajoutant quelque chose comme de la perlite ou de la vermiculite pour rendre le mélange plus léger.

 

5. Faites attention à votre consommation d’eau

Les eaux souterraines sont une autre ressource qui ne se renouvelle pas aussi rapidement que nous l’extrayons du sol. Si vous le pouvez, évitez d’utiliser l’eau du puits dans votre jardin. Installez plutôt un baril pour récupérer l’eau de pluie et utilisez-la pour l’arrosage. Si vous utilisez beaucoup de paillis ou d’autres couvre-sol, votre jardin régénérateur aura besoin de moins d’eau. Avec un jardin bien couvert, vous ne devriez avoir besoin d’arroser qu’au moment de la plantation : une fois que vos plantes sont établies, leurs racines devraient être en mesure d’obtenir de l’eau du sol. Vos plantes n’auront besoin d’être arrosées qu’en cas de longue période de sécheresse.

 

6. Évitez les produits chimiques!

C’est simple: si vous ne voulez pas de produits chimiques dans votre corps, ne les mettez pas dans votre nourriture. Des sols en santé, c’est aussi des aliments plus sains : la restauration de la matière organique du sol réduit la dépendance aux engrais synthétiques et aux pesticides et donne lieu à une alimentation plus dense en nutriments.

Il y a d’autres solutions! Utiliser des méthodes régénératrices et uniquement des intrants organiques rétablit la capacité naturelle du sol à recycler les nutriments. Vos plantes auront un système immunitaire plus fort et obtiendront tous les nutriments dont elles ont besoin sans avoir à utiliser de produits chimiques.

 

7. Plantez une variété

Non seulement il est plus agréable d’avoir une variété de fruits, de légumes et de fleurs dans votre jardin, mais planter une diversité de plantes permet à votre jardin d’être plus résistant à un éventail de conditions. L’augmentation de la diversité végétale attire également davantage d’espèces d’oiseaux et d’insectes, ce qui accroît la biodiversité en surface, tout en permettant à une plus grande variété d’organismes du sol de prospérer sous la surface.

 

8. Cultivez des plantes comestibles

En cultivant vos propres fruits, légumes et autres plantes comestibles, vous réduisez votre empreinte carbone en achetant moins d’aliments au magasin : vos aliments dépensent ainsi moins d’énergie, tout comme vous. Bref, lorsque votre nourriture vient de chez vous, cela signifie moins de kilomètres à franchir. Vos fruits et légumes auront également un goût beaucoup plus frais!

 

9. Plantez des vivaces: des plantes qui reviennent année après année

Les plantes vivaces sont des plantes qui repoussent année après année. Non seulement elles sont faciles d’entretien, car elles repoussent après l’hiver, mais leurs racines profondes captent plus de carbone et d’humidité, aidant ainsi les microorganismes à se développer et à créer un sol plus sain.

Les plantes vivaces comestibles communes incluent les arbres fruitiers et les arbustes à baies, comme les groseilles ou les bleuets, ou de délicieuses herbes parfumées comme la sauge, le thym, le romarin et la lavande, ou encore des légumes comme l’ail, les asperges et certains types d’oignons. Faites des recherches pour savoir quelles espèces de plantes vivaces sont indigènes à votre région. Pour les cultures nourricières tout comme les fleurs, il existe des espèces indigènes qui valent la peine d’être découvertes.

 

10. Créez un habitat pour les pollinisateurs et les autres insectes bénéfiques

Notre alimentation dépend des pollinisateurs. Lorsque nous pensons aux pollinisateurs, nous pensons souvent aux abeilles mellifères, mais elles ne sont pas indigènes en Amérique du Nord. Il existe de nombreux pollinisateurs sauvages indigènes – comme les abeilles, les papillons, les colibris, les papillons de nuit et même les coléoptères – mais ils sont tous menacés en raison de la perte de leur habitat naturel et de l’exposition à des produits chimiques toxiques utilisés de manière endémique. Nous pouvons les aider en leur fournissant un habitat. De nombreuses espèces sont très spécialisées dans l’habitat dont elles ont besoin pour se nourrir et se reproduire. Permettre à une diversité de plantes sauvages indigènes de proliférer dans votre cour et votre jardin et se renseigner sur les pollinisateurs sauvages et leurs besoins sont de bonnes mesures à prendre.

Il existe également de nombreux autres insectes bénéfiques qui jouent un rôle important dans la santé de l’écosystème. Les prédateurs sauvages tels que les coccinelles et les guêpes sont très utiles car ils luttent contre les parasites susceptibles de dévorer vos fruits et légumes, ce qui vous aide si vous ne voulez pas utiliser de pesticides.

 

11. Conservez vos semences!

Les semences évoluent et s’adaptent génétiquement à leur environnement. Cela signifie que les semences récoltées sur des plantes qui ont poussé dans votre région seront mieux adaptées à vos conditions que les semences que vous pourriez acheter d’une région lointaine où les conditions sont très différentes. Pour conserver ses semences, il faut commencer par avoir des variétés de semences patrimoniales, car les semences hybrides ne poussent pas fidèlement à leur type. Les semences patrimoniales ont été cultivées et sélectionnées pendant plus de sept générations et leur progéniture ressemblera à la plante dont vous avez recueilli les graines. Vous devez également vous assurer que votre plante n’a pas poussé trop près d’une autre variété avec laquelle elle aurait pu se croiser. Pour les débutants, les semences les plus faciles à cultiver sont les haricots. Laissez vos haricots mûrir complètement sur la vigne ou même sécher sur place s’il n’y a pas trop d’humidité. Récoltez-les secs et enlevez les gousses pour conserver vos haricots secs afin de les replanter la saison suivante.

 

12. Achetez des semences adaptées à vos conditions de sources locales

Pour les raisons mentionnées ci-dessus, il n’est pas toujours facile de conserver ses propres semences. Chaque plante a des besoins légèrement différents, c’est pourquoi la conservation des semences est une profession spécialisée. Si vous souhaitez apprendre à conserver des semences avec succès, cela vaut la peine d’y consacrer du temps. Sinon, vous pouvez acheter vos semences auprès d’un·e professionnel·le local·e de la conservation des semences et bénéficier ainsi de semences de haute qualité adaptées aux conditions locales.

 

Si vous voulez passer le mot, partagez ces trucs avec vos amis – sans toutefois juger les autres ou prêcher…! Ça fait partie de l’esprit régénérateur. 🙂

Ça y est, vous êtes maintenant un·e jardinier·e régénérateur·trice!

 

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